Logements vides au Luxembourg, spéculation sur les terrains à bâtir et message ferme aux "opposants" de Bech. Gilles Hempel, directeur de l'Agence immobilière sociale, interviewé par RTL Radio mercredi, n'y va pas avec le dos la cuillère!

EN FAVEUR DE MESURES PLUS RADICALES

Pour Gilles Hempel, pas de doute, et la dernière étude du LISER l'a étayé scientifiquement: "Ce n'est pas mémé qui garde le terrain pour son petit-fils mais c'est une minorité de gens qui font du "land-banking" et qui retiennent très stratégiquement leur terrain constructible pour que les prix restent élevés. C'est un problème auquel il faut s'attaquer!"

Pour le directeur de la Fondation pour l'accès au logement à laquelle appartient l'Agence immobilière sociale (AIS), le principe est simple: "Les terrains constructibles doivent accueillir des constructions et les logement doivent être habités".

Mais au Luxembourg, sait-il trop bien, le droit de la propriété "est toujours un peu interprété comme un blanc-seing permettant de vivre sa cupidité sans limite au détriment des autres".

UNE TAXE POUR LES TERRAINS NON CONSTRUITS

L'idée de la taxation des propriétaires qui spéculent en retenant leur terrain à construire "est dépassée" selon Gilles Hempel. "Elle est déjà possible aujourd'hui mais les communes sont esseulées face au problème".

"Ce n'est tout simplement plus tolérable que des terrains à bâtir ne soient pas libérés pour des logements! Quelqu'un qui possède un terrain à construire a une obligation". Et "s'il ne construit pas, il faut l'y forcer. Soit en le taxant, soit, au pire, lui retirer son terrain pour construire dessus", estime Gilles Hempel interviewé ce mercredi par RTL Radio.

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Idem pour les logements vides: "Les logement doivent être habités et nous ne pouvons plus non plus tolérer que les gens achètent des logements pour les laisser délibérément vides".

Pas de discussion aux yeux du promoteur social qui vit tous les jours la pression qui grandit au Luxembourg: "Celui qui a un logement vide doit le louer. Ça n'a pas de sens de laisser un logement inhabité. C'est gens doivent être taxés s'ils ne le font pas!"

LISTE D'ATTENTE ET AVANTAGES POUR LES PROPRIÉTAIRES

"Actuellement nous avons 1.100 ménages, soit plus de 3.000 personnes sur notre liste d'attente", a confié ce mercredi matin Gilles Hempel, au micro de RTL Radio.

L'AIS qui aide les personnes ne trouvant pas de logement sur le premier marché de l'immobilier, fortement sous pression au Luxembourg, dispose d'un parc de "590 logements qui sont en grande majorité habités, exceptés ceux qui sont en cours de rénovation".

"Dès le départ" et "c'est toujours le cas", l'AIS n'a pas manqué de candidats propriétaires disposés à louer leurs biens à un prix abordable. D'autant que ces propriétaires ont toute une panoplie d'avantages à passer par l'AIE: "Leur loyer est garanti, la gestion et la rénovation du logement sont assurés et s'il en a besoin, le propriétaire récupère son bien dans un délai raisonnable".

OBJECTIF: CONSTRUIRE 50 LOGEMENTS PAR AN

Abitatio, le promoteur immobilier social créé il y a deux ans au sein de la Fondation dispose à ce jour de "neuf logements qui sont habités et 60 qui sont en cours de construction. Certains seront achevés à la fin de l'année, tandis que d'autres ne vont que démarrer", explique Gilles Hempel. Il rappelle que l'objectif de la création d'Abitatio est de faire une offre à long terme à des personnes, qui bien qu'ayant réussi à se sortir de leurs difficultés (dettes, perte d'emploi, etc.), ne parviennent pas à trouver de logement sur le premier marché immobilier.

L'objectif d'Abitio est de "construire 50 logements en moyenne par an". Pour y parvenir, le promoteur travaille avec des communes qui mettent leurs terrains à disposition. D'autant que "les petites communes ne sont souvent pas outillées pour construire elles-mêmes des logements. Elles ne disposent ni du savoir-faire, ni des moyens, ni du personnel". Abitio assure tout le management du projet à commencer par son ficelage financier. De sorte qu'une commune "peut répondre à ses obligations du Pacte logement 2.0 sans avoir de travail", résume Gilles Hempel.

LEVÉE DE BOUCLIERS À BECH: PAS QUESTION DE SE RETIRER DU PROJET

Bech est l'exemple-type de la commune qui n'avait pas les moyens internes pour réaliser un projet d'habitation social abordable "c'est pour cela qu'ils sont venus vers nous. C'est "un très beau projet de valorisation du cœur du village, avec une vieille école dont l'ancienne cour de récréation doit être transformée en parking, avec création de logements et d'une zone de  rencontre", résume Gilles Hempel.

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Malheureusement des habitants ont introduit un recours en annulation contre le projet de construction de six logements au centre du village. "Tous les gens trouvent apparemment que les logements abordables sociaux sont une bonne chose mais de préference chez le voisin et pas devant chez eux", relève Gille Hempel.

"Dans tous les cas" l'AIS poursuit le projet car le recours en annulation "a été testé par nos services et il est sans fondement", assure le directeur. Dans cette affaire, il ne tient pas à donner de faux signal et "que nous nous retirons d'un projet dès que quelqu'un s'oppose un peu". D'autant que "nous sommes dans une crise du logement et on a besoin de logements partout. Personne ne peut se soustraire à cette responsabilité et chacun doit y contribuer", estime le patron de l'AIS.

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