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Le manque de logements au Luxembourg provoque une explosion des prix immobiliers, ce qui empêche de nombreuses personnes d'acquérir leur propre habitation.
Une nouvelle étude d'un groupe de chercheurs du Liser et de l'Uni.lu (Antoine Paccoud, Markus Hesse, Tom Becker et Magdalena Górczyńska) démontre que le manque de logements peut être attribué au fait que les grands propriétaires et les promoteurs mobilisent moins de terrains que ce qu'ils pourraient.
"Ce qui est construit représente un pourcentage minime des terrains appartenant aux promoteurs et propriétaires privés", selon le co-auteur de l'étude Antoine Paccoud dans une interview accordée à RTL. Selon le chercheur, ces grands propriétaires et promoteurs gèrent stratégiquement les terrains puisque moins de 0,1 pourcent de la population possède environ la moitié des terrains à bâtir au Luxembourg, le Gouvernement n'en possédant pas non plus en grande quantité.
L'étude recommande fortement l'introduction d'un impôt spécifique afin de résoudre la crise du logement au Luxembourg. Les terrains volontairement bloqués pour faire grimper les prix devraient être plus fortement imposés. L'impôt foncier pourrait également être mis au niveau des pays voisins mais Antoine Paccoud souligne que ces impôts ne devraient viser que ceux qui possèdent de nombreux terrains et pas les résidences principales ou les petits propriétaires qui gardent un terrain pour leurs enfants, notamment.

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Le chercheur évoque également la particularité luxembourgeoise qui permet au propriétaire d'un terrain de développer un projet lui-même. Cela ne pose pas de problème en soi mais démontre très bien que "le rythme de la production est entre les mains des acteurs privés".
Les communes ne s'opposent que rarement aux intérêts des propriétaires, selon l'étude qui recommande que les communes se créent une stratégie et utilisent les instruments mis à leur disposition comme le droit de préemption. La crise du logement ne s'arrêtant pas aux frontières du pays, un dialogue ouvert devrait être introduit avec la Belgique, la France et l'Allemagne afin d'établir une stratégie commune.
L'étude se base sur plus de 50 références et extraits d'entretiens avec plusieurs acteurs du secteur.
"La spéculation, vous ne voulez pas vraiment en parler mais vous ne pouvez pas non plus la cacher éternellement, c'est ça le problème" a déclaré un promoteur indépendant. Un fonctionnaire du gouvernement est également cité de cette manière: "la crise du logement est un non-sujet. La politique réelle vise plutôt à accentuer le problème plutôt qu'à le régler".