Comme Trèves et Bitbourg, Metz aimerait une compensation fiscale pour assumer la "métropolisation" du Luxembourg. Dominique Gros réclame ainsi 200 millions d'euros.

Depuis plusieurs mois, Metz, Trèves et Bitbourg demandent une compensation fiscale au Luxembourg pour faire face au nombre croissant de frontaliers qui y résident. Ces communes demandent de pouvoir bénéficier des mêmes avantages que les communes belges qui profitent d'une rétrocession annuelle de 30 millions d'euros (ce qui représente 14% du budget d'une ville comme Arlon!)

Le Conseil de l'Europe a mis aussi la pression sur le Luxembourg, en adoptant en octobre dernier un projet de recommandation qui préconise le reversement d'un pourcentage du salaire des travailleurs frontaliers à leur pays de résidence. Il s'inspire du modèle appliqué dans le Canton de Genève qui reverse chaque année 260 millions d'euros à la France.
Jeudi, le maire de Metz, Dominique Gros, est revenu à la charge sur l'antenne de 100.7, en donnant des chiffres très concrets: "Je pense qu'on devrait être entre 10 et 20 millions d'euros de fiscalité pour la métropole de Metz". À l'échelle du territoire Nord-Lorrain, la facture pour le Luxembourg serait "de l'ordre de 2.000 euros par frontalier, soit 200 millions. "Et cela représente seulement 10% de ce que les frontaliers versent au Luxembourg (en impôts et contributions diverses), précise le maire.

"VOUS SAVEZ COMBIEN ÇA COÛTE, LA FORMATION D'UNE INFIRMIÈRE?"

Il rappelle que "le Luxembourg n'entretient que la moitié de sa population active en matière de vie locale, l'autre moitié étant à la charge des territoires frontaliers. Il est donc logique, avec mon collègue de Trèves, qu'on ait fait une demande de juste répartition fiscale des impôts payés au Luxembourg et qui ne retournent pas là où vivent les gens. C'est ça le cœur du problème. Il ne s'agit pas de prendre de l'argent au Luxembourg, mais d'équilibrer un territoire métropolisé."

"La proximité du Grand-Duché est une chance, bien entendu. Tout le monde profite de la bonne santé économique du Luxembourg" admet volontiers Dominique Gros. Mais il nuance: "Quand vous avez une main-d'oeuvre que vous n'avez pas formé, dont vous n'assumez pas le chômage, et même parfois la dépendance, c'est extrêmement commode" d'avoir des excédents budgétaires comme au Luxembourg.

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Mais pour les communes des frontaliers, le décor est moins rose. "On est maintenant dans une compétition de main d'oeuvre. On a des difficultés ici à Metz avec des chauffeurs de bus, ou des infirmières, car ils partent au Luxembourg. Vous savez combien ça coûte, la formation d'une infirmière? Vous avez des promotions entières d'infirmières qui partent directement au Luxembourg."

PAYER POUR LES "GUIRLANDES DE NOËL": "C'EST MÉPRISANT"

Et si les frontaliers dépensent dans leur pays l'argent gagné, ils demandent aussi à leurs communes "des services correspondant à leur niveau de vie élevé (crèches, écoles, la culture, etc.)". Or les communes frontalières, privées de leurs forces vives, peinent à suivre. "Quand seulement 10% de la population travaille au Luxembourg comme à Metz ca va, mais quand c'est 20 ou 30%, voir 80% comme dans certaines communes, ca devient catastrophique."

"Ce n'est donc pas qu'une question de "payer les guirlandes de Noël" des communes frontalières, comme il m'avait été dit par le premier ministre (NDRL : Xavier Bettel) Je trouve ça insupportable! Car en fait, indépendamment que c'est méprisant, ce n'est pas le sujet. Si le Luxembourg veut réussir cette métropolisation, il doit tenir compte des territoires qui sont autour de lui."

"On va être à 105.000 frontaliers lorrains cette année, et 110.000 à la fin de l'année. C'est donc par bienveillance, pour l'avenir de l'Europe, que je plaide pour une juste répartition, comme le Luxembourg le fait déjà avec les Belges."